Mon Enfant Perd Toujours aux Échecs : 7 Solutions Concrètes

19 novembre 2025 11 min de lecture Nicolas Musicki
Enfant concentré devant un échiquier après une défaite, parent à côté qui le soutient

"Mon fils perd toutes ses parties. Il commence à se décourager et je ne sais plus quoi lui dire..."

Si vous lisez cet article, c'est probablement parce que vous vous reconnaissez dans cette situation. Et vous n'êtes pas seul : c'est la question n°1 que me posent les parents quand ils m'appellent pour des cours.

La bonne nouvelle ? Dans 95% des cas, c'est totalement normal et facilement corrigeable. Après 5 ans à enseigner les échecs à plus de 300 enfants, je peux vous dire une chose : perdre fait partie de l'apprentissage.

Mais il y a perdre... et perdre tout le temps au point de vouloir abandonner. Dans cet article, on va voir ensemble les 7 causes principales et surtout, les solutions concrètes que j'applique avec mes élèves.

Pourquoi c'est (souvent) normal au début

Avant de voir les causes, posons les choses clairement : aux échecs, quelqu'un perd à chaque partie. Ça paraît évident, mais c'est important de le dire.

Contrairement au foot où on peut invoquer le vent, l'arbitre ou la pelouse, aux échecs il n'y a aucune excuse. C'est très formateur... mais aussi très dur pour l'ego, surtout pour un enfant.

Les statistiques rassurantes

Sur mes 20+ élèves des 5 dernières années :

  • 80% ont perdu leurs 10 premières parties
  • 90% se sont découragés au moins une fois dans les 3 premiers mois
  • Mais 75% ont continué et progressent maintenant régulièrement

Perdre au début, c'est la norme, pas l'exception.

Le problème, c'est quand ça dure. Voyons les 7 causes principales et comment les corriger.

Cause 1 : Il joue contre des adversaires trop forts

C'est la cause n°1, et de loin. Votre enfant joue probablement contre :

Imaginez qu'on mette votre enfant contre Nadal au tennis en lui disant "allez, essaie de gagner". Absurde, non ? Aux échecs, c'est pareil.

La solution

Trouvez-lui des adversaires de son niveau :

Mon astuce de prof

Quand je joue avec un débutant, je me mets des handicaps : j'enlève ma dame, je joue avec 30 secondes de réflexion max, ou je m'interdis certains coups tactiques. Résultat : des parties équilibrées et intéressantes.

Cause 2 : Il oublie ses pièces (et les donne)

"Papa, j'ai encore oublié mon cavalier..." Cette phrase, je l'entends 10 fois par semaine.

C'est frustrant, mais c'est normal : le cerveau d'un enfant de 7-8 ans ne peut pas encore surveiller 32 pièces simultanément. C'est une question de développement cognitif.

La solution

Introduisez la règle du "dernier regard" :

  1. Avant de jouer son coup, l'enfant doit regarder toutes ses pièces une par une
  2. Il se demande : "Cette pièce est-elle attaquée ?"
  3. Seulement après, il joue

Oui, ça ralentit le jeu. Mais c'est temporaire. Après 2-3 semaines, ça devient automatique.

Exemple concret avec Lucas, 8 ans

Lucas perdait sa dame toutes les 3 parties. On a instauré cette règle + un petit carnet où il notait chaque fois qu'il sauvait une pièce grâce au "dernier regard".

Résultat : En 1 mois, il est passé de 5 pièces oubliées par partie à... 0. Et son Elo a grimpé de 200 points.

Cause 3 : Il joue trop vite

Votre enfant joue en 2 secondes chrono ? C'est probablement parce que :

Le problème ? Aux échecs, la vitesse tue. Même Magnus Carlsen prend son temps.

La solution

Imposez des cadences adaptées :

Et si votre enfant proteste qu'il s'ennuie, expliquez-lui : "Tu préfères jouer vite et perdre, ou jouer lentement et avoir une chance de gagner ?"

Cause 4 : Il ne connaît aucune ouverture

Beaucoup d'enfants (et de parents) pensent que les ouvertures, c'est pour les joueurs avancés. Erreur.

Connaître une ouverture simple, c'est comme avoir un GPS pour les 10 premiers coups. Ça évite de se retrouver avec un roi au milieu et des tours coincées dès le début.

La solution

Apprenez-lui UNE ouverture simple :

Pas besoin de connaître 15 variantes. Juste les 4-5 premiers coups, c'est déjà énorme.

Astuce pratique

Sur Lichess, utilisez l'outil "Ouverture contre l'ordinateur" en mode entraînement. Votre enfant peut répéter la même ouverture 20 fois jusqu'à la maîtriser. Ça prend 15 minutes max.

Cause 5 : Il abandonne mentalement dès qu'il perd une pièce

"J'ai perdu ma tour, c'est fini de toute façon..."

Cette phrase, je l'entends régulièrement. Et je comprends : perdre sa dame ou sa tour, ça fait mal. Mais voici un secret : au niveau débutant, perdre une pièce ne signifie PAS forcément perdre la partie.

Pourquoi ? Parce que l'adversaire va probablement faire une erreur aussi. Et souvent, plusieurs.

La solution

Changez son état d'esprit :

  1. Expliquez-lui que tant que son roi n'est pas mat, tout est possible
  2. Montrez-lui des exemples de retournements (cherchez "best chess comebacks" sur YouTube)
  3. Instaurez la règle : "On ne démissionne JAMAIS avant d'avoir essayé 10 coups"

Histoire vraie : Emma, 9 ans

Emma démissionnait dès qu'elle perdait une pièce. Je lui ai proposé un deal : jouer 5 parties complètes sans démissionner, même si elle était sûre de perdre.

Résultat : Sur ces 5 parties, elle en a gagné 2 (grâce aux erreurs de l'adversaire) et elle a appris à défendre des positions difficiles. Aujourd'hui, elle ne démissionne plus jamais.

Cause 6 : Il ne réfléchit pas aux coups de l'adversaire

Scène classique : votre enfant joue son coup, puis regarde ailleurs pendant que l'adversaire réfléchit. Puis c'est à nouveau son tour, et là : "Ah mince, il a attaqué ma dame !"

Le problème ? Il ne profite pas du temps de réflexion de l'adversaire.

La solution

Apprenez-lui le "cycle de réflexion" :

  1. L'adversaire vient de jouer → Posez-vous : "Qu'est-ce qu'il menace ?"
  2. Regardez si une de vos pièces est attaquée
  3. Cherchez s'il y a un piège
  4. Seulement après, réfléchissez à votre coup

Cette simple habitude peut faire la différence entre 400 et 800 Elo. Sans blague.

Cause 7 : Il n'a pas de plan (il joue au hasard)

Beaucoup d'enfants déplacent leurs pièces sans but précis. Un coup le cavalier, un coup le fou, un coup un pion... sans stratégie.

Le résultat ? Des pièces mal placées, aucune coordination, et des défaites incompréhensibles.

La solution

Donnez-lui 3 plans simples à appliquer :

  1. Contrôler le centre (les cases e4, e5, d4, d5)
  2. Développer toutes ses pièces avant d'attaquer
  3. Mettre son roi en sécurité (petit roque le plus vite possible)

Tant qu'il n'a pas fait ces 3 choses, il ne devrait pas attaquer. C'est une règle d'or pour débutants.

Exercice pratique

Après chaque partie perdue, posez-lui ces 3 questions :

  • "As-tu contrôlé le centre ?"
  • "As-tu sorti toutes tes pièces ?"
  • "As-tu roqué ?"

Souvent, la réponse sera "non" à au moins 2 questions. Vous avez trouvé le problème.

Ce que VOUS pouvez faire en tant que parent

Au-delà des aspects techniques, votre rôle de parent est crucial. Voici ce que je recommande :

1. Ne dramatisez pas les défaites

Évitez les phrases comme "Allez, concentre-toi !" ou "Tu aurais dû voir ce coup !". À la place :

2. Célébrez les petites victoires

Votre enfant a perdu mais :

Apprenez-lui à mesurer le progrès autrement que par la victoire.

3. Ne comparez pas

"Le fils de Sophie a gagné le tournoi, lui..." → À éviter absolument.

Chaque enfant progresse à son rythme. Certains démarrent vite puis stagnent, d'autres mettent 6 mois puis explosent. Comparons-le seulement avec lui-même il y a 1 mois.

4. Limitez le temps d'écran

Si votre enfant joue uniquement en ligne, il va :

Privilégiez 1-2 parties en ligne + 1 partie "physique" avec vous ou dans un club.

Quand faut-il s'inquiéter vraiment ?

Dans 95% des cas, les défaites répétées sont normales et temporaires. Mais voici quand il faut peut-être agir différemment :

Signaux d'alerte :

Dans ces cas-là, c'est peut-être que les échecs ne lui conviennent pas pour l'instant. Et c'est OK. Mieux vaut arrêter temporairement que forcer et créer un dégoût permanent.

Ou alors, envisagez un prof

Parfois, un regard extérieur fait toute la différence. Un professeur :

Si vous êtes sur Paris, contactez-moi pour un premier cours offert. On fera un bilan ensemble et je vous dirai honnêtement si je peux aider votre enfant.

Conclusion : La défaite, meilleure prof d'échecs

Voici la vérité que personne ne dit : on apprend plus en perdant qu'en gagnant.

Tous les grands joueurs ont perdu des centaines de parties. Magnus Carlsen a perdu. Kasparov a perdu. Moi-même, à 2000 Elo, je perds encore régulièrement (et ça me frustre toujours autant).

Ce qui différencie un bon joueur d'un joueur moyen, ce n'est pas le talent. C'est la capacité à analyser ses défaites, corriger ses erreurs, et revenir plus fort.

Si votre enfant accepte de perdre, d'apprendre, et de réessayer, il a déjà tout compris.

Les 7 solutions en résumé

  1. Adversaires adaptés → Elo similaire (+/- 100 points)
  2. Règle du "dernier regard" → Vérifier ses pièces avant de jouer
  3. Cadences lentes → 10 minutes minimum par joueur
  4. Une ouverture simple → Partie italienne ou défense française
  5. Ne jamais abandonner → Au moins 10 coups même en mauvaise position
  6. Réfléchir aux coups adverses → "Qu'est-ce qu'il menace ?"
  7. Avoir un plan → Centre, développement, roque

Et n'oubliez pas : votre rôle de parent n'est pas de transformer votre enfant en champion. C'est de l'accompagner, le soutenir, et lui transmettre l'amour du jeu. Le reste viendra (ou pas, et c'est OK aussi).

Besoin d'aide pour votre enfant ?

Je propose un premier cours offert à Paris pour faire un bilan personnalisé et identifier les points de blocage de votre enfant.

Ensemble, on mettra en place une méthode adaptée pour qu'il reprenne confiance et progresse à son rythme.

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Article rédigé par Nicolas Musicki, professeur d'échecs à Paris et Versailles
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